
Le chef des socialistes Olivier Faure (centre), la maire de Nantes Johanna Rolland (droite) et le patron des sénateurs socialistes Patrick Kanner (gauche) arrivent à Matignon, à Paris, le 17 septembre 2025 ( AFP / STEPHANE DE SAKUTIN )
Sébastien Lecornu reçoit mercredi ses opposants politiques, à la veille d'une journée importante de mobilisation sociale, sans grande marge de manœuvre pour discuter, au vu des lignes rouges qu'ils posent et des menaces de censure.
Tous les dirigeants de gauche - à l'exception de La France insoumise qui a refusé l'invitation - ainsi que ceux du Rassemblement national vont défiler dans le bureau du nouveau Premier ministre, à commencer par les socialistes qui sont arrivés à 09H30.
Sébastien Lecornu a déjà échangé la semaine dernière avec les responsables du "socle commun" de la droite et du centre, ainsi que les syndicats et le patronat.

Le président du groupe des députés Liot Laurent Panifous prononce un discours à l'Assemblée nationale, à Paris, le 1er juillet 2025 ( AFP / JULIEN DE ROSA )
"Le premier qui doit bouger, c'est le gouvernement", a estimé le président du groupe des députés Liot Laurent Panifous, reçu mardi, ajoutant que "le sujet des retraites ne peut pas être renvoyé uniquement à 2027".
François Bayrou avait obtenu la mansuétude du PS sur le budget 2025 en ouvrant un conclave sur la réforme des retraites, qui s'est soldé par un échec. Puis il a présenté à la mi-juillet un sévère plan de redressement des finances publiques qui a fait hurler toutes les oppositions.
Mercredi, "ça va être un round d'observation. La veille des grosses manifs, on sera dur, exigeant. Ce qui se joue ce n'est pas au premier chef un sujet budgétaire", mais un "sujet démocratique" car ce sont les "battus qui gouvernent", anticipe un responsable socialiste.

La cheffe des Ecologistes Marine Tondelier à la "Fête de l'Humanité" à Bretigny-sur-Orge, près de Paris, le 13 septembre 2025 ( AFP / Ian LANGSDON )
"J'ai passé l'âge de croire au Père Noël", a abondé la cheffe des Écologistes, Marine Tondelier, sur TF1, assurant se rendre à Matignon "avec beaucoup de scepticisme". "Il est fort probable que nous censurerons", a-t-elle prévenu, sauf à obtenir de solides garanties sur l'écologie et la taxation des hauts patrimoines.
- Gestes -
Ces entretiens ont lieu sous la pression de la rue, alors que les syndicats promettent une "journée noire" jeudi, protestant contre les mesures budgétaires "brutales" de François Bayrou.

Le nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, visite le centre de santé départemental de Mâcon, dans le centre-est de la France, le 13 septembre 2025 ( AFP / JEFF PACHOUD )
Sébastien Lecornu a déjà fait des gestes en direction de la gauche et de l'opinion: retrait de la proposition impopulaire de supprimer deux jours fériés, et promesse de ne pas rouvrir le conclave sur les retraites, qui s'était soldé par un échec.
Il a aussi consacré son premier déplacement samedi à l'accès aux soins, avant d'annoncer la suppression, très symbolique, des avantages restants octroyés aux ex-Premiers ministres.
Les socialistes ont eux posé leurs conditions face aux offres appuyées de dialogue du Premier ministre. Ils considèrent que le plan Bayrou "ne doit pas servir de base de discussion", alors que Sébastien Lecornu a l'intention d'en faire un point de départ, puis de mettre les parlementaires devant leur responsabilité pour l'amender.
- "Rupture" -
Mercredi, les socialistes sont arrivés avec en main un sondage Ifop commandé par le parti montrant que les Français, quelles que soient leurs sensibilités, plébiscitent les mesures poussées par le PS.

Nombre de sièges par groupe à l'Assemblée nationale, au 3 septembre 2025 ( AFP / Nalini LEPETIT-CHELLA )
Parmi elles, la création d'une taxe de 2% sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d'euros - la fameuse taxe Zucman, qui enflamme ce débat budgétaire - à laquelle 86% des sondés sont favorables, dont 92% des sympathisants Renaissance et 89% des sympathisants LR.
Tout en promettant la censure, la cheffe des députés LFI Mathilde Panot a prévenu sur franceinfo qu'"il y a un moment dans ce pays où (...) cela va trop loin: les riches se sont trop enrichis, le peuple s'est trop appauvri et on se retrouve avec un patrimoine commun qui est détruit par la Macronie".
Le Premier ministre a déjà fermé la porte à cette taxe, tout en reconnaissant que se posaient "des questions de justice fiscale".
Constat partagé par le RN, qui rejette la taxe Zucman sans fermer la porte à une mise à contribution des plus fortunés.
"Si la rupture consiste à un retour aux sources socialistes du macronisme, c'est contraire à l'aspiration majoritaire du pays", a mis en garde Marine Le Pen, attendue à 16H00 à Matignon avec Jordan Bardella.
Un avertissement auquel le président de LR, Bruno Retailleau, a fait écho sur RMC-BFMTV. "Nous, on n'est pas des abonnés perpétuels. Si demain on pensait que l'orientation du gouvernement n'était pas conforme à l'intérêt supérieur de la nation (...), qu'est ce que l'on ferait de plus au gouvernement?", a-t-il mis en garde.
Autre point au cœur des discussions, le niveau de réduction du déficit en 2026. La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a appelé dimanche à chercher un accord autour "de 35 à 36 milliards" d'euros, soit moins que les 44 milliards initialement prévus par François Bayrou, mais plus que les 21,7 milliards du PS.
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